La centrale thermique de l'Arbed

 

 
   
     
 

A l'inverse du gaz de cokerie, considéré comme un gaz riche, le gaz de haut fourneau est un gaz pauvre. Toutefois, cela ne veut pas dire qu'il n'a aucune valeur, que du contraire... Après un processus d'épuration où il est dépoussiéré, lavé et séché, il est poussé dans de grosses conduites aériennes vers d'autres installations où il sera valorisé, notamment pour l'alimentation des chaudières qui produiront la vapeur servant à entraîner les alternateurs d'une centrale électrique. De ce fait, toute usine sidérurgique possède son département énergie.

La puissante société ARBED n'a donc pas fait exception à la règle. En témoigne cette centrale thermique dont l'immense carcasse trône toujours sur le site de Terres Rouges. Edifiée en 1951, comportant trois tranches de production d'électricité et brûlant le gaz des hauts fourneaux environnants, ceux de l'usine Brasseur et de Belval, elle a fonctionné jusqu'au 29 août 1997, soit le lendemain de la fermeture définitive du dernier haut Fourneau de Belval, désormais remplacé par une aciérie électrique. Devenue sans emploi, elle a été amputée de ses trois refroidisseurs et des conduites aériennes qui l'alimentaient en gaz. Pourquoi n'a-t-elle pas été démolie à son tour ? Mystère... Entretemps, laissée à l'abandon, elle a été pillée du cuivre que contenait ses installations. Elle a servi aussi de terrain de jeu à une série de visiteurs qui l'ont tagguée ou ont vandalisé les bureaux et l'immense salle de contrôle. Néanmoins, les équipements sont encore là, tout en gigantisme. J'y retrouve un lieu relativement familier, même si je n'y avait jamais mis les pieds auparavant. Elle ressemble furieusement à d'autres installations déjà visitées en Wallonie. Et donc, il y a quelque chose de très wallon dans cette centrale, dont beaucoup d'équipements ont été fournis par des sociétés de Liège ou du Hainaut. C'est que l'ARBED était une société dont une partie du capital était belge.

Une porte métallique franchie, on se retrouve dans un univers dantesque, fait de tubulures, de passerelles, d'escaliers, de vannes. Je suis dans la partie qui comporte les condenseurs et les alternateurs. Tout y est encore, mais il y a beaucoup de dégâts. Je débute ma séance photo par les condenseurs et les surchauffeurs, du moins je le pense, si je fais appel aux lointaines explications reçues à l'occasion d'une autre visite. De ci de là, des amas de matières calorifuges sauvagement sorties de plusieurs appareillages éventrés jonchent les caillebotis. Est-ce de l'amiante ? Allez, on disait que ce n'en était pas...