Les charbonnages d'Hensies-Pommeroeul, entre industrie, architecture et arts mineurs  
     
   
     
 

La société des charbonnages d'Hensies-Pommeroeul exploitait les concessions de "Hensies-Pommeroeul" et "Nord de Quiévrain" Réunies sur une superficie totale de 1895 hectares, juste à la limite de la frontière franco belge dans le nord du Borinage.

Le premier sondage, en vue de déterminer la valeur des terrains houillers sera entrepris en 1838 sous l'égide du Duc d'Aremberg. D'autres travaux de reconnaissance seront menés par la suite par la société Don, mais c'est seulement au vingtième siècle, en 1908 et 1912, que deux sondages encore plus profonds sont réalisés suite à un accord entre les propriétaires des concessions de la "Société anonyme Belge d'entreprise de forage et de fonçage Foraky". La concrétisation de ces travaux sera la naissance du siège des Sartis dont les opérations de creusement des puits débutent en 1913. Interrompues par le premier conflit mondial, elles reprennent en 1915 pour se terminer dès la fin de guerre. L'exploitation normale du charbon commence donc à la fin de 1918.

Ce premier siège est implanté dans un lieu inhabité, à mi-chemin entre les villages d'Hensies et de Pommeroeul, le long du canal Mons-Condé. Aux installations traditionnelles d'extraction, se joignent un triage lavoir, une fabrique d'agglomérés, un centrale électrique et tous les services annexes du charbonnage. Afin d'attirer la main d'oeuvre nombreuse nécessaire aux travaux souterrains, la société décide peu après de construire deux colonnies de logements pour le personnel, à proximité immédiate du charbonnage. Elle construit également une ligne de chemin de fer électrifiée reliant les Sartis à la gare de Bernissart située sur la ligne Mons Tournai. Grâce à ce raccordement ferroviaire, elle organise, comme à Bois du Luc, en plus de l'écoulement de sa production, le transport pour son personnel venant de loin.

Peu après une seconde campagne de sondages souterrains dans la partie sud des concessions, Hensies-Pommeroeul met en service, dès 1926, le second siège, Nommé Louis Lambert qui sera implanté au coeur même du village d'Hensies à un peu plus d'un kilomètre des Sartis.

Ces deux sièges, très modernes pour l'époque, vont contribuer nettement à la production totale du Borinage, en l'augmentant de 23 %. Le gisement produit essentiellement des charbons plus maigres à usage domestique. La modernité des installations, la régularité du gisement et l'épaisseur des couches exploitables permettent d'avoir recours assez rapidement à une mécanisation massive. La société charbonnière d'Hensies-Pommeroeul pourra ainsi survivre aux premières et seconde vagues de fermeture (1952-54 et 1959-61) des charbonnages du Borinage qui ne produisent essentiellement que du charbon gras industriel soumis à une rude concurrence. Néanmoins, le siège Louis Lambert est fermé en 1966.

 

 
     
   
     
 

Le siège des Sartis fermera finalement ses portes le 31 mars 1976. Ce qui fera de lui, le dernier du Borinage. Une autre de ses particularités était qu'il avait une partie importante des bâtiments édifiée en "Modern Style", une des déclinaisons de l'Art Nouveau. Parmi ces constructions, le bâtiment des bains douches, le bâtiment des machines d'extraction et de la centrale électrique, ceux de la recette et même les chevalements dont les toitures s'harmonisaient avec l'ensemble. La société aura le même soucis de raffinement architectural pour la construction des installations de surface du siège Louis Lambert. Ce seront à ce titre les seuls exemples d'architecture industrielle dans le Borinage faisant appel à l'Art Nouveau et au Modern Style.

La présence d'Adolphe Max, ministre d'Etat et bourgmestre de Bruxelles, ou encore d'Emile Jacqmain, avocat et échevin de la ville de Bruxelles dans le conseil d'administration de la société n'était sans doute pas étrangère à ces choix architecturaux dont on retrouve des exemples prestigieux dans la capitale. Comme on peut s'en douter, toutes ces considérations "émotionnelles", ultime charbonnage Borain ou ensemble architectural remarquable, n'urent que peu de poids face aux intérêts financiers des liquidateurs, et toute la partie technique du siège des Sartis fut jetée bas en 1980-81. Seuls subsitèrent les bâtiments administratifs et un ou deux ateliers, encore occupés quelques années, le temps d'achever la liquidation des actifs. Après quoi, l'ensemble fut laissé à l'abandon, au saccage et au pillage. Fort heureusement, la totalité des archives comprennant notamment plans et photos a été sauvée par l'asbl Sauvetage des Archives des Charbonnages du Couchant de Mons (SAICOM). Du matériel a même été préservé par le Musée de la Mine d'Harchies, en plus d'autres vitraux récupérés dans le bâtiment de la centrale électrique.