La centrale ECVB  
     
   
     
 

Un grand classique. Cette centrale électrique est abandonnée depuis 1997. Pourtant, elle a gardé sa forme pure, sans tags ni traces de dégradations. Juste celles du temps qui a transformé certains éléments en véritables œuvres d’art. Peintures qui s’écaillent ou corrosion multicolore, c’est une véritable fête impressionniste qui s’offre au regard des visiteurs. Dans la grande nef des turbos alternateurs, de la végétation profite du moindre interstice pour croître dans un mariage insolite avec les machines et les tubulures. 

Pourtant, les jours de cette centrale semblent comptés. Des conteneurs ont été déposés ça et là, puis d’un jour à l’autre, des bandelettes rouges et blanches ont été apposées, comme pour délimiter un chemin.  On devine bien que l’anéantissement va commencer, mais les trois coups du dernier acte tardent à être frappés. Le grand édifice semble retenir son souffle avant l’échéance fatale. On dirait que les démolisseurs marquent un temps d’hésitation avant  d’accomplir leur œuvre destructrice, comme s’ils éprouvaient là quelques scrupules…

Balivernes… leur travail va commencer et en très peu de jours, les lieux perdront tout ce qui fait leur beauté. J’y suis retourné trois fois de suite, subjugué par la plastique de cette centrale électrique.  Je sais parfaitement que lorsque je reviendrai une dernière fois, plus rien ne sera comme avant.   

En attendant, les grands bâtiments se mirent une ultime fois dans les eaux du canal qui coule à proximité. Le silence qui règne dans la grande cathédrale industrielle n’est troublé de temps à autre que par le passage des explorateurs urbains venus des quatre coins de la Belgique et des pays voisins.