Le charbonnage de Bas-Longs-Prés

Situé aux confins de Marchienne et Montignies-le-Tilleul, ce charbonnage, dénommé "Siège n°19" par la Société des Charbonnages de Monceau-Fontaine avait pour particularité d'être le plus profond d'Europe avec son étage 1355 m et ses puits d'une profondeur de 1370 mètres. Mis en service au lendemain de la première guerre mondiale, il n'allait pas tarder à devenir un des sièges principaux de la société. L'extraction sera fortement mécanisée dès les années 1950, ce qui permettra la production de plus de 1000 tonnes nettes par jour. Certaines veines avaient une ouverture de trois mètres, ce qui, aux dires d'un ancien mineur de ce charbonnage, posait problème, car personne dans le bassin de Charleroi n'était habitué à travailler dans des chantiers ayant de telles hauteurs.

La richesse des veines, alliée à la relative modernité des installations de fond ou de surface désignèrent le n° 19 comme le dernier charbonnage de Monceau-Fontaine à devoir fermer ses portes au 31 mars 1980. La naissance d'un mouvement de protestation contre la fermeture et des voix de plus en plus nombreuses en faveur de la poursuite des activités au delà de la date fatidique incitèrent sans doute les responsables à avancer d'un an la fermeture qui eu lieu le 31 mars 1979. C'est au siège n° 17 à Piéton qu'échut finalement le privilège douteux d'être le dernier charbonnage de la société Monceau Fontaine et de fermer ses portes au 31 mars 1980.

A sa fermeture, le n° 19 devint un captage de grisou. On rendit étanche les deux puits en les recouvrant d'une dalle de béton au travers de laquelle on fit passer des conduites. Les compresseurs, initialement dévolus à la fourniture d'air comprimé aux travaux souterrains, furent astucieusement et économiquement modifiés pour devenir des pompes à grisou. Les installations du charbonnage demeurèrent absolument intactes jusqu'à l'arrêt du captage en 1991, une véritable aubaine pour les photographes.

J'ai visité Bas-Longs-Prés à plusieurs reprises, notamment en avril 1979, juste après la fermeture : ce furent d'ailleurs là mes tout débuts en photographie... Les clichés qui suivent sont de la même veine que ceux du puits Parent : des négatifs abîmés et restaurés après numérisation, ce qui donne un résultat moyen. Ah, si à cette époque, il y avait déjà eu les reflex numériques...

 
     
   
 
L'entrée principale du charbonnage, le 15 avril 1979
 
   
 
Une semaine après la fermeture, la cour est encore encombrée de matériel
 
 
 
 
Le chevalement du puits B. Un chef d'oeuvre de la construction métallique. De tels édifices devaient être capable de supporter le poids des deux cages circulant dans les puits, mais aussi celui des câbles tractant ces cages, soit plusieurs tonnes à remonter ou à descendre sur des centaines de mètres de profondeur.
 
 
 
 
La partie supérieure du chevalement du puits B vue depuis le chevalement du puits A. Photo prise en décembre 1989. Ce modèle de chevalement a été monté sur plusieurs puits de la société des charbonnages de Monceau-Fontaine, notamment au Martinet à Monceau. Les roues à rayons de 5 mètres de diamètre, appelées "molettes" étaient des poulies chargées de guider et placer les câbles d'extraction dans l'axe du puits.
 
 
 
 
Les câbles d'extraction s'engouffrent dans le bâtiment de la machine par deux meurtrières
 
   
 
A l'intérieur du bâtiment, une machine d'extraction électrique de 1400 chevaux construite par les ACEC. A droite, on peut voir la colonne pourvue de deux cadrans qui est un indicateur de la position des cages dans le puits. Au centre de la photo se trouve un tableau lumineux renseignant le machiniste sur le régime d'extraction (personnel, extraction ou récupération de matériel) sélectionné, l'étage de la mine où est arrêtée la cage à charger et la position du frein. Ces signaux optiques étaient complétés par une signalisation sonore assurée par sonneries électriques.
 
 
 
 
Une des deux bobines enroulant ou déroulant les câbles d'extraction au bout desquels étaient pendues les cages. Les câbles étaient de section plate et fabriqués en acier. Ils pesaient 20 kilos au mètre. La machine était pourvue de deux bobines, sur l'une d'elle, le câble était fixé par dessus l'axe, tandis que sur l'autre, il était fixé par en dessous. Les bobines tournaient dans le même sens : un câble se déroulait, l'autre s'enroulait, donc, lorsqu'une cage montait, l'autre descendait vers le fond du puits, produisant un effet de contrepoids de manière à alléger l'effort fourni par la machine d'extraction.
 
 
 
 
Le voltmètre de la machine d'extraction
 
   
 
Une des cages, lamentablement au sol après la démolition des chevalements. Ces cages comportaient quatre étages dans lesquels étaient chargés deux wagonnets. Au fond comme à la surface, une manoeuvre était bien entendu nécessaire pour amener chaque compartiment au niveau des rails.